Le Délire Romain Musée de Valence, France 2019
Là,
dans la salle 9 du musée, dans le département d’archéologie, pousse Le Délire
romain. Il pousse silencieusement dans cette salle aux paupières baissées
sur un passé devenu immobile. Il pousse dans l’amphore de plastique, sur les
petites figurines qui l’habitent, sur la fontaine qui s’y cache. Il prolifère
avec humour, le long des vitres de sa vitrine et tend vers nos regards curieux
ses cristaux nourris de vin et d’urée. Il pousse avec malice les socles du
temps et du savoir : l’antique, le naturel, l’artificiel sont-ils
hermétiques ? Le vrai et le faux sont-ils séparés ? Il invite qui s’y
penche à décoller les évidences de leur cohérence pour en inventer de
nouvelles. Il est plein de soif et d’aventures qui restent à écrire. Ce Délire
romain est rouge d’une hémorragie sans catastrophe dont il nous fait
offrande. Il vient de loin. Depuis hier, depuis toujours, il prend soin de
rester vivant et nous vivifie. Ariane Chottin
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